jeudi 24 janvier 2013

4 matinées par semaine, la maison est plutôt vide, il n'y a que mes mouvements, j'ai rarement le temps d'en prendre conscience, soit parce que je passe ce temps à l'extérieur, soit parce que je le passe sur ma machine et que dans ce cas mes pensées se concentrent sur tout autre chose que sur l'instant présent...
ce matin, la machine est encore pleine des projets commencés hier par Anna, je n'ose pas changer la bobine qu'elle a appris à installer, je n'ai pas envie de faire bouger le coeur qui tient en équilibre sur le coupon de tissu..
je me plonge dans le canapé avec une pile de linge fort conséquente, je m'assois sur le pied d'un poupon couché sous une petite couverture, il a encore un peu de pâte à sel dans la bouche ce bébé, je me lève remets les coussins des fauteuils, j'en ressors des billes tigrées, des calots aux jolis reflets irisés, une perle en papier comme celle du collier de Clotilde, je les dépose sur la table, à côté des dessins d'hier, le coeur rempli de coeurs, les coloriages, les confettis de papier qui ont occupé Perrine un bon moment..
dans la cuisine, il y a encore quelques cocopops sur la table, des cercles chocolatés, un dessin pour maman, un autre pour papa, des amorces de lettres pour les copains copines qui ne sont jamais finies, jamais postées, il faut que je me décide à aider Anna à trouver une phrase courte qu'elle souhaite envoyer à tous ces petits plutôt que de la voir se décourager.
Cet appartement est habité.. et j'aime observer les traces qu'ils laissent sur leur passage. Surtout après une journée où la toute petite a tellement dormi et joué avec son frère qu'elle n'a eu que peu de moments avec moi, surtout après une journée où la plus grande s'était enfermée dans sa bouderie, sa colère, qu'elle n'arrivait pas à surmonter y revenant sans cesse, criant sur ses frères et soeurs, faisant pleurer tout le monde tour à tour, trouver quand même quelques éléments prouvant qu'elle a eu quelques instants plus lumineux dans sa journée..
Quant à Ange, il est passionné par la découverte de la machine à coudre, il choisit les tissus avec attention, choisit celui qui a des fleurs mais tant pis si les copains se moquent me dit-il, il est beau et je le prends, je lui glisse que ce coupon vient de Lomé, il nous a été offert il y a 4 ans par D. le géniteur de David, il y en avait des mètres et des mètres, j'en ai offert autour de moi, on l'a déjà utilisé pour offrir des pochettes à crayons, pour la hotte, pour des pyjamas, mais c'est la première fois que je le trouve si précieux, j'en gardais un dernier coupon que je ne souhaitais pas découper, juste garder comme le souvenir de l'existence furtive de cet homme, cette femme et cette petite fille dans nos vies, mais je laisse Ange tracer son futur sac, couper le tissu, l'assembler.. La première fois qu'il coud pour lui, et quelque part ce tissu porte les racines que son grand-père a trouvé en Afrique.Très fier de sa première réalisation, il l'a portée toute la fin de la journée, l'a placée à côté de son oreiller, et bien sûr il n'a pas oublié de la prendre pour l'entretien en classe ce matin, grande chance, nous étions loin d'être les premiers arrivés mais il restait une place pour qu'il s'y inscrive! J'ai fait l'appliqué, je n'avais pas le temps à ce moment là derrière lui, ce qui veut dire qu'il a vraiment fait le reste seul, pensé à ralentir, tourner le tissu aux angles, arrêter la couture avant la coulisse.. Il a mangé la queue du poisson parce que suivre une ligne n'a rien d'évident encore, il a eu tant de mal à comprendre comment faire passer le lien dans la coulisse, mais le résultat est là pour ce sac à billes!

2 commentaires:

  1. Bravo Ange il est super ce sac. Esteban n'en est pas là mais je te laisse imaginer les étoiles dans ses yeux quand il a su que la machine était pour eux

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  2. GENIAL!!! il est fortiche dis donc!!!! Bravo Ange!!

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