mardi 12 janvier 2010

8 mois

Nous sommes dans le 8 ème mois, tu m'auras fait connaître des sensations nouvelles, des sentiments déroutants, la crainte, la perte de confiance en notre duo et puis la force, la conviction que nous savons, que nous ne risquons rien...
Tu m'as obligée à m'arrêter de courir, tu m'as obligée à la confrontation à la solitude que je n'avais plus affrontée depuis bien longtemps. Me séparer des plus grands pour être seule avec toi. C'est dur mais j'y ai appris beaucoup. J'ai regardé mes enfants autrement, je les ai vu, s'attacher puis s'envoler, se débrouiller sans moi, ne pas avoir besoin de mon secours.
Je les ai vu revenir, avec ce besoin de faire chanter leurs vies, et celui de combler l'absence par les câlins, les mots, les dessins.
Je les ai entendu dire et faire sortir toute la violence que cause la mère à ne pas pouvoir tout assurer.
Je les ai senti se blottir contre nous deux.
Je les ai vu me regarder avec cette profondeur qui vous laisse sans voix.
J'ai su qu'ils avaient confiance en nous, en moi, qu'ils étaient prêt.
Dans quelques jours tu pourras naître sans que cela ne te marque d'un début de vie trop surveillé. Je croyais y tenir, avoir besoin de dépasser ce seuil. Me sentir forte en disant que tout cela était superflu. En fait, ce n'est pas vrai depuis quelques longues semaines, je te souhaite juste de démarrer ta vie sans souffrir, sans avoir à te battre, depuis quelques semaines, je cherche à te protéger. Peut-être effectivement que ça ne change rien à ce qui se produira, aurait pu se produire. Mais c'est ainsi, pour toi, j'ai accepté la monotonie des midis sans leurs rires et chamaillerie. Pour toi, j'ai accepté de ne plus aller à droite, à gauche.
Parce que j'ai eu peur, sincèrement lorsqu'on ne pouvait plus te sentir bouger après des vagues de contractions trop fortes, trop endurantes, bien qu'inutiles, bien que n'annonçant pas ta venue.
Bien sûr, que je ne suis pas restée de marbre, je n'arrivais plus à me connecter à toi, petit bébé, toute entière à la douleur, je ne te ressentais plus. J'ignore la façon dont tu les ressens, sont-elles douloureuses ou bien est ce ta maman qui se crispait qui t'était insupportable? Tu ne réagissais plus aux mains qui t'appelent. Puis j'ai appris à accepter les vagues douloureuses, j'ai appris à puiser en elles quelque chose comme une vague énergisante, elles ne me laissent plus sur le carreau, elles m'emmènent plutôt vers ce qui sera irrémédiablement notre rencontre.
L'épreuve ultime avant de te découvrir, cette dernière fois où je vivrai des contractions qui me rendent si femme, si mère, si forte, si sûre, si instinctive. Bientôt viendra le jour où elles feront sens et où nous t'accueillerons et te nommerons, bientôt, pas encore...
Pour l'heure, nous sommes deux à les vivre, à les surmonter au mieux, tu ne te caches plus souffrant de mes angoisses, tu me sais peut-être enfin sereine alors tu réagis bien vite après leur arrivée, tu ne laisses jamais ton papa ou Ange sans réponse lorsqu'ils te cherchent. Tu bouges vivement à la voix d'Anna!
Nous t'attendons.

4 commentaires:

  1. C'est beau la façon dont tu vous racontes, vous 2, vous 4, vous 5. Ces angoisses font parties de la grossesse même si on préférerait s'en passer. Je me demande souvent si ma relation si spéciale avec petit deuz vient de ces angoisses si fortes pour lui par rapport aux autres.
    bises

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  2. j'aime vraiment te lire belle Manuella :-) mille pensées fortes et douces...

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  3. c'est magnifique... ces mots... ta façon d'être...
    je suis nostalgique un peu à te lire, et je me retrouve dans cette acceptation pleine de la douleur comme cheminement, et cette force qu'on en tire...
    je vous embrasse, doux, tout doux, et avec émotion...

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